TDAH
Qu’est-ce que le TDAH ?
Selon le DSM-5, le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité est un trouble neuro développemental caractérisé par trois types de symptômes : 1. Difficulté d’attention et de concentration, 2. Symptômes d’hyperactivité et 3. Problèmes de gestion de l’impulsivité. Il existe 3 types de présentations cliniques du TDAH :
Inattention prédominante
Impulsivité - Hyperactivité prédominante
Mixte
Seuls les symptômes d’inattention et d’hyperactivité-impulsivité sont nécessaires pour poser le diagnostic selon le DSM-5, cependant de nombreux spécialistes du TDAH insistent sur l’importance des déficits exécutifs. Les fonctions exécutives sont un ensemble de processus cognitifs permettant à l’individu de planifier, contrôler et suivre un comportement adaptatif à une situation nouvelle. Elles sont indispensables dans la vie de tous les jours.
Le psychologue Russell Barkley (1997) conçoit le TDAH comme un déficit primaire de l’inhibition comportementale, c’est-à-dire de la capacité à se retenir d’effectuer une action. Le déficit d’inhibition perturberait ensuite d’autres fonctions exécutives telles que :
La mémoire de travail non verbale (capacité à retenir des informations non-verbales le temps de les traiter)
L’internalisation du langage
Les capacités d’analyse et de synthèse
L’autorégulation des affects, de la motivation et du niveau d’éveil
En 2000, le psychologue Thomas Brown a également proposé un nouveau modèle de compréhension du TDAH comme une altération des fonctions exécutives :
Activation : organiser, prioriser et démarrer une tâche
Concentration : maintenir son attention sur la tâche en cours
Effort : réguler et maintenir l’énergie, la concentration et la vitesse de traitement sur la tâche en cours
Emotion : gérer la frustration et les émotions
Mémoire : utiliser la mémoire de travail et retrouver des informations apprises
Action : capacité à surveiller et réguler l’action
En 2003, Sonuga-Bark a proposé un modèle à deux voies qui inclut d’une part les aspects motivationnels du TDAH, notamment l’aversion au délai et les troubles exécutifs, particulièrement le déficit de l’inhibition.
Il est important de noter que les déficits exécutifs sont hétérogènes dans le TDAH, et que l’évaluation neuropsychologique ne permet pas le diagnostic. Cependant, évaluer les difficultés cognitives est important car le retentissement est important sur la vie quotidienne.
Quand penser à un TDAH ?
Le TDAH démarre dans l’enfance, (avant l’âge de 12 ans selon les critères du DSM-5) et persiste parfois à l’âge adulte. Les symptômes d’hyperactivité ont tendance à diminuer avec l’avancée en âge, tandis que les symptômes d’inattention et les problèmes exécutifs persistent et deviennent de plus en plus handicapants.
Symptômes d’inattention :
Difficultés à maintenir l’attention sur une tâche
Fautes d’inattention, perte ou oubli d’objets
Difficultés de gestion du temps
Oublis fréquents dans la vie quotidienne
Facilement distractible que ce soit pas des éléments externes ou internes
Symptômes d’hyperactivité-Impulsivité :
Tendance à remuer les mains et/ou les pieds
Difficultés à rester assis ou immobile de manière prolongée
Sentiment d’agitation interne, empressement
Impatience, difficulté à attendre son tour
Tendance à trop parler ou à parler sans réfléchir, à interrompre les autres
Besoin de faire de l’exercice
Actions ou paroles impulsives
Altération des fonctions exécutives :
Difficultés à s’organiser, à établir des priorités
Difficultés à démarrer une tâche
Difficultés à réguler l’effort et la vigilance
Troubles de la mémoire de travail (garder temporairement une information à l’esprit)
Difficultés à retrouver des informations en mémoire
Motivation :
Aversion au délai, préférence pour une récompense immédiate plutôt qu’une récompense plus importante mais plus tardive
Difficulté à se motiver pour une tâche perçue comme peu intéressante ou désagréable
A l’inverse, difficulté à se désengager d’une tâche agréable ou intéressante (capacité d’hyperfocus)
Difficultés de gestion émotionnelle :
Difficultés à gérer la frustration
Hypersensibilité, difficulté à réguler les émotions
Recherche de sensations fortes et de stimulation
Troubles du sommeil :
Troubles de régulation du sommeil : difficultés à s’endormir et à se réveiller
Certains traits autistiques peuvent également se retrouver dans le TDAH:
Besoin de manipuler des objets (fidget)
Spécificités sensorielles
Fixation sur un sujet et capacité d’hyperfocus
Difficultés de socialisation
Evasion dans un monde imaginaire
Originalité, voir bizarrerie perçue par les autres
TDAH et Genre :
NB : Le terme de “personne assignée femme/homme” inclut toutes les personnes identifiées à un genre défini à la naissance et dans l’enfance, c’est-à-dire des personnes trans, cisgenres, non-binaires et intersexuées.
Le TDAH serait beaucoup plus fréquemment dépisté chez les personnes assignées hommes, cependant les personnes assignées femmes seraient tout aussi affectées par les altérations liées au trouble (symptômes, troubles exécutifs, difficultés psychosociales, problèmes psychologiques associés). Cela s’explique car en raison des socialisations genrées, les personnes assignées hommes tendent à extérioriser leurs problématiques (troubles du comportement, opposition, agressivité, etc…) tandis que les personnes assignées femmes tendent à intérioriser (anxiété, tristesse, auto-dénigrement, etc…). Chez les personnes assignées femmes, le TDAH peut souvent être masqué par des problématiques comorbides mais plus souvent associées au genre féminin (troubles anxieux, dépression, trouble obsessionnel compulsif, etc…)
Diagnostic et prédiagnostic ?
Il est légitime de s’interroger sur l’utilité d’un diagnostic à l’âge adulte, cela peut sembler arriver trop tard pour réellement changer les choses. Cependant obtenir un diagnostic permet de mieux se connaître et de comprendre d’où viennent ses difficultés afin de travailler dessus.
Le diagnostic permet également d'expliquer plus facilement ses déficits et ses spécificités aux proches, si l’entourage comprend le trouble, il pourra d’autant plus facilement faire des efforts et s’adapter.
De manière plus pragmatique, un diagnostic effectué par un professionnel qualifié permet l’accès aux soins (prise en charge, remédiation cognitive, entraînement aux habiletés sociales, etc…) ainsi que l’accès aux droits sociaux (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé, Allocation Adulte Handicapé, prestation de compensation du handicap, etc…). Il faut un diagnostic pour effectuer une demande auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées.
Le diagnostic peut éventuellement aider à négocier pour des aménagements spéciaux dans le cadre du travail ou des études (par exemple besoin d’un bureau dans un endroit calme pour éviter la distraction).
Le bilan prédiagnostic ou bilan de dépistage permet d’avoir plus rapidement un premier avis professionnel qui va pouvoir donner des éléments en faveur ou en défaveur de l’hypothèse diagnostique et envisager des diagnostics différentiels.
Le bilan prédiagnostic peut accélérer et compléter la prise en charge dans une structure publique ou privée. Il est important de se rappeler que le prédiagnostic n’a aucune valeur officielle et ne suffit pas pour une reconnaissance officielle, notamment pour un dossier à la Maison Départementale des Personnes Handicapées. Le diagnostic doit absolument être confirmé par un médecin. Cependant, le prédiagnostic permet déjà d’obtenir une première forme de reconnaissance du trouble par un professionnel, des éléments de réponse et des propositions de prise en charge.
Que faire après l’annonce du diagnostic ou du prédiagnostic ?
Le TDAH est un trouble du neurodéveloppement, si certains symptômes peuvent s'atténuer avec l’âge, la plupart des personnes touchées présentent des difficultés persistantes, avec lesquelles il faut apprendre à vivre.
Pour les adultes TDAH, la première indication thérapeutique est la prise de médicaments psychostimulants (notamment le méthylphénidate) mais si les médicaments ne sont pas efficaces ou que la personne fait le choix de ne pas prendre de traitement il existe des prises en charge non-médicamenteuses comme les Thérapies Cognitivo-Comportementales, l’intervention psychosociale ou le coaching.